Chapitre 1 : La Rencontre
Connaissez-vous l’histoire de l’Acrochat ? Non ? Alors je vais vous la raconter :
Il était une fois un chat sauvage au pelage gris rayé de noir qui possédait de très longues griffes acérées. Tout le monde le craignait car il détruisait tout ce qui passait sous ses pattes.
Pourtant, l’Acrochat n’était pas méchant, au contraire, sa maladresse le rendait très triste, car pour cette raison, il était seul, il n’avait pas d’amis. Tout le monde le fuyait et partait en courant à son passage. En effet, l’Acrochat était très grand, immense même, proche de la taille d’un immeuble, et tout aussi fort. Chacun de ses pas faisait trembler le sol sous ses pattes ainsi qu’à leurs environs, et mieux valait ne pas croiser le chemin de ses griffes pointues qui lacéraient et entaillaient tous ceux qui se trouvaient dessous avant même que l’Acrochat n’ait pu s’en rendre compte.
Alors, malheureux des méfaits qu’il causait tous les jours malgré lui, et détesté de tous, l’Acrochat décida de s’isoler dans une contrée déserte. Déserte ? Du moins le croyait-il…car, en effet, en ces terres, vivait une panthère blanche dont il ne tarda pas à faire la connaissance.
« - Qui es-tu et que fais-tu ici ?, hurla cette dernière tandis qu’elle apercevait l’Acrochat qui dormait paisiblement sur son territoire.
- Je suis l’Acrochat, répondit simplement ce dernier dans un bâillement encore ensommeillé.
- L’Acrochat ? Je n’ai jamais entendu parler de toi…Que viens-tu faire sur mes terres ? », demanda la panthère blanche avec colère.
L’Acrochat observa un instant le félin arc-bouté, grondant, en position d’attaque.
« - Rien, répondit-il, je croyais ce territoire désert, mais je comprends qu’il t’appartient. Je m’en vais, déclara-t-il en se levant, résolu à quitter les lieux.
- Attends !, le rappela la panthère blanche. Je n’ai jamais entendu parler de toi. Où vivais-tu jusqu’à présent ? Et pourquoi es-tu venu ici ?
- Peu importe où je vivais, les autres ne voulaient plus de moi. Alors j’ai fui. Je suis arrivé ici un peu par hasard, et, comme je te l’ai dit, je croyais ce territoire inhabité. Je ne voulais pas troubler ta tranquillité. Excuse-moi, je repars.
- Où comptes-tu aller ? Et pourquoi dis-tu que les autres ne voulaient plus de toi ?
- Parce que c’est la vérité. Je leur ai fait trop de mal sans le vouloir. Ne vois-tu pas mes trop grandes pattes ? Ne vois-tu pas mes trop longues griffes ? Ne vois-tu pas que je suis un monstre, que je suis dangereux ?
- Un monstre dis-tu ? Je te trouve bien poli et tranquille pour un monstre et tu ne me fais pas peur à moi. Où vas-tu aller ?
- Je l’ignore…là où mes pas me guideront….et dans un endroit où je serai seul, où je ne pourrai blesser personne…
- Cela risque d’être difficile : je connais bien ces terres et partout où tu iras, tu trouveras des lieux habités. Cet îlot où nous sommes est le seul endroit désert. C’est pour cette raison que j’ai choisi de m’y installer.
- Tu aimes la solitude ?,se renseigna l’Acrochat, surpris.
- Disons que je la préfère à la bêtise. Cependant elle me pèse parfois. Ce n’est pas toujours facile de vivre seule. On finit par perdre la raison…J’ai une idée : ce territoire est suffisamment grand pour deux. Pourquoi ne resterais-tu pas ici ?
- Merci pour cette gentille proposition mais je ne veux pas troubler ta tranquillité.
- Ma tranquillité a un prix : sais-tu que seul l’écho me répond d’ordinaire ? En vérité, je suis contente de te rencontrer. Je crois que j’ai besoin d’un ami pour ne pas sombrer doucement dans la folie…
- Tu as déjà perdu la raison si tu penses possible de cohabiter avec moi…,répondit l’Acrochat tristement.
- Mais enfin pourquoi ?
- Tu ne comprends donc pas ? Je suis dangereux !
- Toi ? Dangereux ? Tu m’as l’air plutôt inoffensif !
- Inoffensif ? Serais-tu devenue aveugle aussi ?
- Non seulement je ne suis pas aveugle mon cher Acrochat , mais en plus j’ai la capacité de percevoir ce qui reste invisible aux autres, et ce que je vois en toi n’a rien de dangereux.
- Bon, répondit l’Acrochat. Tu l’auras voulu. »
Il se mit alors à avancer une patte dans la direction de la panthère blanche. Tout autour d’eux, le sol se mit à trembler.
La panthère blanche, avec agilité, zigzagua habilement entre les griffes de l’Acrochat et sauta se réfugier sur les branches d’un arbre dès la première secousse.
L’Acrochat l’observa, stupéfait.
« - Tu vois ? Tu n’es pas dangereux pour moi. Il me suffira juste de rester vigilante à tes mouvements pour éviter tout accroc, l’Acrochat ! », répondit la panthère blanche dans un clin d’œil.
Les deux nouveaux amis décidèrent alors d’un commun accord de cohabiter ici, l’une soulagée de ne plus être seule, l’autre abasourdi de découvrir l’amitié.
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